Sable noir et paillettes d’or, en aval et en dessous d’un gros rocher, au pied d’une terrasse
Ariège, Couserans, France, 28 septembre 2019.
Je voulais me faire ma petite sortie orpaillage du week end, pour avoir ma dose d’évasion, je suis donc parti ce samedi après-midi en mode prospection minimal, avec peu de matériel, en quête de nature, et pour rechercher un peu d’or dans une rivière paisible et tranquille.
L’été dernier dans le Couserans en Ariège, des crues abondantes étaient survenues, en aout, les eaux de la rivière étaient montées de 1.5 m au moins ; j’ai pu observer et identifier du coup des endroits intéressants, et voir comment se comporte la rivière pendant les pluies orageuses abondantes.
Je ne voulais pas me prendre la tête, ni chercher un spot pendant des heures, j’ai juste pensé au niveau de l’eau que j’avais observé ce jour là pendant les crues, puis j’ai transposé par rapport à la configuration des lieu visibles où je désirais prospecter.
J’ai pensé à une règle simple d’orpaillage: chercher des zones de turbulences et de dépression.
Et là j’ai vu 2 gros rochers, pile poil dans l’alignement de la goldline, créant entre ces deux une zone de turbulence, j’imaginais cela ; j’y ai donc gratté un peu sur 2/3 cm, et j’ai pu voir ce que je recherchais.
Il y avait là, simplement présenté devant moi, du sable noir en quantité, fin, et de l’argile.
Ces arguments et indices ont été pour moi suffisants pour justifier d’y faire quelques pans pendant 2 heures jusqu’au crépuscule ; je n’ai pas regretté d’avoir chercher, car j’y ai trouvé quelques belles paillettes d’or alluvionnaire détritique. Pas de quoi devenir riche, mais un vrai plaisir!
Le vieil adage « Qui cherche trouve » est vrai, surtout dans le cadre de la recherche de l’or ; il faut persévérer et oser, creuser, faire des essais, des tests… et surtout admettre qu’on ne trouve pas toujours et ne pas se décourager!
Ne rien trouver, peut être dans certains cas une information aussi essentielle que trouver quelque chose.
Date de publication: 28 septembre 2019
Auteurs: Vivien Laïlle
Contact: vivien.laille@gmail.com – +33 (0)6 95 34 35 45
Mots clefs: Ariège, Couserans, montagnes ariégeoises, or alluvionnaire, or détritique, orpaillage, paillette, paillettes, placier, placier alluvionnaire, prospection aurifère, Pyrénées
SOMMAIRE:
- Introduction
- Spécimens trouvés
- Site de prospection
- Matériel utilisé
- Méthodologie de travail
- Résultats
- Conclusions
- Références
- Thèses
- Livres
- Web
Introduction
En rivière, ou à la plage, la quête de paillettes d’or ne peut se faire qu’en recherchant des placier ou des endroits riches en sables noirs métalliques.
Certains sites ou placiers alluvionnaires concentrent des paillettes d’or par divers phénomènes physiques et chimiques, sous des gros rochers, dans des placiers à galets et des plages des montagnes.
Bien sur, il existe d’autres facteurs, comme l’effet venturi, qui tendent à créer des endroits de dépression pendant les crues, en aval des gros rochers.
C’est donc en partant de cette idée, que j’ai voulu vérifier la présence d’or en aval et en dessous d’un gros rocher, ici du conglomérat oxydé avec de la mousse en l’occurence.
Ayant procédé à l’essais de 4 pans prélevés à l’aplomb et en profondeur du gros rocher, une vingtaine de paillettes d’or ont été identifiées.
Spécimens trouvés
Ci-dessous: un beau grain d’or fin de 2.5 mm de long, trouvé au fond du premier pan, une belle trouvaille. Je vous le présente tel qu’il se montre à moi, après plusieurs tapotages successifs du pan.
Ci-dessous: les deux premiers lots révélés pendant la prospection aurifère au microscope binoculaire.
Site de prospection
La zone de prélèvement est situé entre 2 gros rochers de conglomérats, au pied d’une terrasse alluvionnaire, en zone sèche, en bord de rivière.
J’ai été précis, je me suis peu étalé quand j’ai creusé, j’ai surtout cherché à aller profond et en dessous du gros rocher.
Matériel utilisé
J’ai fait simple:
- 1 pan américain classique lavé et propre,
- 1 tamis large 0.5 cm, ou chinois,
- 1 petite pioche,
- 1 petite pele,
- 1 marteau de géologue,
- 1 flacon tubulaire aspirant,
- 1 mini pan,
- 1 microscope binoculaire.
Méthodologie de travail
J’ai extrait du matériel alluvionnaire et du gravier avec une petite pioche, un marteau de géologue, et une pèle, puis j’ai placé tout cela dans le tamis au dessus du pan.
J’ai ensuite débourbé et tamisé à grande eau dans la rivière les rochers, galets, graviers et sables, pour remplir le pan en dessous.
Après un lavage soigné au pan, j’ai isolé le concentré de sable noir, pour le récupérer avec une pipette pour les mettre dans un flacon propre.
En tout j’ai réalisé 4 pans successifs, ils étaient chacun positifs à l’or et j’ai procédé aux mêmes étapes pour chaque échantillon.
Données BRGM: présence en amont dans les sources des montagnes, de breccia, grès, quartzites, conglomérats, granites, schistes, marbres et quartz. Zone de prospection en terrasse alluvionnaire altérées du quaternaire, bassin sédimentaire de piedmont quaternaire/tertiaire.
Données littéraires: écrits et récits de présence aurifère confirmée dans la région et dans la rivière.
Données historiques: de nombreuses mines de fer, cuivre, zinc et plomb sont concentrées dans cette zone de prospection. Avec entre-autre beaucoup de sulfures métalliques et de complexes THIO.
Données recherches personnelles: Je sais que la rivière est aurifère comme le confirme de nombreuses études que j’ai effectué récemment, voici les articles, références et résultats à ce sujet: (1), (2), (3), (4), (5), (6).
Résultats
Je n’ai pas perdu mon temps, et j’en suis très heureux! Des belles trouvailles ce samedi là! Au moins une vingtaine de paillettes et de grains d’or fin découvertes.
Je me suis hâte d’inspecter le concentré, ayant vu des paillettes pendant les lavages dans la rivière, j’étais très enthousiaste et émoustillé.
Ci-dessous: d’autres vues à l’échelle des paillettes d’or dévoilées au microscope, comparées avec une pièce de 1 centime d’euros. Notez la présence de paillettes très petites et d’autres de dimensions plus importantes.
J’ai aussi trouvé dans les pans d’autres paillettes d’or très belles, de différentes formes.
Conclusions
Une petite sortie orpaillage de 2 heures en pleine nature, et des belles trouvailles, il en faut peu pour se sentir en pleine forme et savourer le carpe diem.
Chercher du sable noir c’est la base, pour trouver de l’or, il faut bien regarder et observer au niveau des plages et des terrasses, et privilégier les zones de turbulences et de dépressions.
Là je n’ai pas utilisé de détecteur de sables noirs à aimants, mais j’aurai pu en utiliser un pour identifier la zone de prospection, cette technique est conseillée par les prospecteurs d’or.
Observer la rivière pendant la crue, surtout dans des endroits que l’on connait déjà, permet d’avoir des informations complémentaires utiles pour identifier des endroits dans lesquels effectuer des nouvelles recherches.
Pendant les crues d’orages estivales, ou au printemps lors de la fonte des neiges, il est conseillé aux orpailleurs d’aller observer les rivières et les torrents, et de prendre des photos, pour les comparer ultérieurement avec la saison sans pluie.
C’est une très bonne technique de prospection aurifère de bien analyser les phénomènes et les déplacements des matériaux lors des crues, et les différences entre les hautes eaux et basses eaux.
Références
Je dois compléter les références avec des vidéos complémentaires: c’est en cours.
Thèses
- Je vous recommande la lecture passionnante de la thèse de la Winogradsky Review, intitulée The Geomicrobilogy of gold, sur le rôle des bactéries dans la formation des placiers aurifères, rédigés par Frank Reith, Maggy F Lengke, Donna Falconer, David Craw et Gordon Southam, disponible en langue anglaise ici: https://www.nature.com/articles/ismej200775, le PDF est ici: https://www.nature.com/articles/ismej200775.pdf
- La thèse intitulée Bioaccumulation of gold by sulfate-reducing bacteria cultured in the presence of gold(I)-thiosulfate complex, en langue anglaise, et disponible ici: https://www.academia.edu/4171114/Bioaccumulation_of_gold_by_sulfate-reducing_bacteria_cultured_in_the_presence_of_gold_I_-thiosulfate_complex
- La publication de 1974 intitulée Geochemistry of gold in the weathering cycle: A study of the solubilization of gold by the formation of chloride, bromide, iodide, thiosulfate, … topics (Geological Survey bulletin ; 1330), des auteurs HUBERT W. LAKIN, GARY C. CURTIN, and ARTHUR E. HUBERT, en langue anglaise, disponible en PDF ici: https://pubs.usgs.gov/bul/1330/report.pdf
- L’article intitulé Natural gold particles in Eucalyptus leaves and their relevance to exploration for buried gold deposits, des auteurs Melvyn Lintern, Ravi Anand, Chris Ryan et David Paterson. Lien en langue anglaise ici: https://www.nature.com/articles/ncomms3614, le PDF est ici: https://www.nature.com/articles/ncomms3614.pdf
- L’article intitulé Evidence for fungi and gold redox interaction under Earth surface conditions, rédigé par Tsing Bohu, Ravi Anand, Ryan Noble, Mel Lintern, Anna H. Kaksonen, Yuan Mei, Ka Yu Cheng, Xiao Deng, Jean-Pierre Veder, Michael Bunce, Matthew Power & Mike Verrall. Lien ici: https://www.nature.com/articles/s41467-019-10006-5 et PDF ici: https://www.nature.com/articles/s41467-019-10006-5.pdf
- Le document intitulé Gold Mineralization de la Alexandria University Faculty of Science Geology Department, disponible ci-après, m’a aussi beaucoup inspiré pour cet article, je vous en recommande la lecture attentive en langue anglaise: https://www.researchgate.net/publication/309308804_Gold_Mineralization
- La thèse intitulée Gold dissolution grom ore with lodide-oxidising bacteria, des auteurs San Yee Khaing, YuichiSugai et Kyuro Sasaki. Lien ici: https://www.nature.com/articles/s41598-019-41004-8, PDF ici: https://www.nature.com/articles/s41598-019-41004-8.pdf
- Une thèse sur les formes de l’or intitulée Placer Gold Microchemical Characterization And Shape Analysis Applied As An Exploration Tool In Western Yukon (Caractérisation microchimique et analyse des formes de l’or utilisée comme outil d’exploration dans l’ouest du Yukon), du chercheur Timothy Michael Wrighton et datant de 2009, en langue anglaise, un document qui m’a aussi inspiré pour la rédaction de cet article. Lien ici: https://www.collectionscanada.gc.ca/obj/thesescanada/vol2/BVAU/TC-BVAU-44513.pdf
- Une autre thèse intitulée CLASSIFICATION AND INTERPRETATION OF THE SHAPES AND SURFACE TEXTURES OF GQLD GRAINS FROM TILL (Classification et interpetation des formes et des textures des grains d’or provenant du till),du chercheur canadien R.N.W. DILABIO, en langue anglaise. Lien ici: http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_6/colloques2/36213.pdf
Livres
Orpaillage et géologie:
- A. Lacomme, Étude minéralogique des dépôts aurifères, de l’Ariège au Salat, dont le résumé est ici et sur WorldCat.
- Le livre sur l’orpaillage de P. Proust, datant de 1920, intitulé Prospection, gisements, extraction de l’or, des éditions Gauthier-Villars et Cie. Livre disponible ici.
- Le livre français édité par le BRGM et écrit par Christian Guiollard, et intitulé le Guide pratique du chercheur d’or en France, cet ouvrage est une référence. Il y a un large chapitre de cours sur l’or alluvionnaire. Je vous recommande tous les livres de cet auteur qui est aussi historien des mines d’or française. Livre disponible à l’achat sur le site de la Fnac.
Histoire & archéologie (Ariège):
- Premier mémoire sur l’or retiré de l’Ariège, de DIETRICH (DE) Baron, des éditions Lacour Rediviva. Disponible ici.
- Les ressources minérales de l’Ariège de M. MUSSY, 1ère et 2ème partie, disponibles ici et ici.
- Au Pays des Hommes et du Fer, le livre intitulé Richesses et exploitations minières en Ariège, Tome 1 et Tome 2, du géologue Henri Tabarant. Il sont devenus introuvables.
- Etudes historiques sur l’ancien pays de Foix et le Couserans, de Adolphe Garrigou, 1856, des éditions Lacour Rediviva. Disponible ici.
- Etudes historiques sur l’ancien pays de Foix et le Couserans limites de l’ancienne Aquitaine et de la Province Romaine du temps de Jules César, de Adolphe Garrigou, 1856, des éditions Lacour Rediviva. Disponible ici.
- Vallées ariégeoises avant l’invasion romaine, de Adolphe Garrigou, 1856, des éditions Lacour Rediviva. Disponible ici.
- Le gisement et le traitement direct des minerais de fer dans les Pyrénées & l’Ariège (Ed 1843), Hachette Livre, BNF, de Jules François.
Web
- Les cours du site internet goldlineorpaillage.fr qui publie des articles incontournables sur l’orpaillage à lire:
- Le site web orpaillage.fr publie un très bon cours théorique sur les placiers alluvionnaires aurifères, un document en français à lire pour ceux qui apprennent l’orpaillage ou les jeunes chercheurs d’or: http://orpaillage.fr/placer/placers_alluviaux.html
- L’article du site internet Goldgold.com, un cours théorique complet sur l’or alluvionnaire, toujours très utile, très bien illustré, en langue anglaise. Lien ici: http://www.goldgold.com/gold-prospectingplacer-geology.html
- Un article en langue anglaise du site américain 911metallurgist.com, un référence dans le domaine de la prospection aurifère, sur les différents types de placiers aurifères, très complet, très illustré et très bien fait. Lien ici: https://www.911metallurgist.com/blog/list-types-placers
NB. Pour des raisons évidentes de préservation des lieux sauvages et des biotopes, je ne divulguerai pas les localisations précises de mes recherches. Car je tiens à conserver en l’état et à l’abris des curieux, des touristes, des fâcheux, de vénaux ou des mercantiles, de la folie des hommes, ses endroits magnifiques et magiques.
Si vous orpaillez, rebouchez vos trous! Ne laissez aucune trace visible de votre passage!
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