Découverte : à la recherche de la Lherzolite à l’étang de Lers (Lhers, L’Hers)
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S’il y a une belle balade de découverte géologique à faire, et que je peux vous recommander, c’est de partir à la recherche d’une roche très particulière, la Lherzolite, dont le site de référence mondial est basé à l’étang de Lers (Lhers, L’Hers), en Ariège, en région Occitanie, dans le Sud-Ouest de la France.
Lors d’une belle journée ensoleillée, au départ de Saint-Girons, vous pourrez découvrir la Vallée de Massat, qui permet d’y accéder. C’est une très jolie vallée du Couserans. La route vous conduira jusqu’au paysage du Col du Port de Lers qui en vaut aussi le détour, avec son bel étang.
Il est connu des géologues pour avoir sur ses rives l’un des rares affleurements de lherzolite, une roche plutonique à laquelle il a d’ailleurs donné son nom, la Lherzolite. Le massif de Lherz (orthographe ancienne) contient également de l’Harzburgite et de la Dunite, ainsi que des couches de spinelle, de pyroxène, de grenat.
Le site est facilement accessible en voiture et à pied, c’est un site idéal pour s’y promener en famille ou pour y faire des randonnées, avec son restaurant au bord de l’étang, et la possibilité de pique-niquer ou de pêcher.
C’est un endroit unique et très particulier qui vous laissera de bons souvenirs.
Les mots Ers (ou Hers) vient probablement de l’ancien occitan ers ou erz, participe passé du verbe erzer qui signifie ériger, redresser, lui-même issu du latin vulgaire ergere. Il pourrait donc se traduire par pentu ou escarpé.
SOMMAIRE :
- L’étang de Lers : présentation
- Topographie
- Coordonnés GPS et emplacement géographique
- Voies d’accès :
- Sports d’hiver :
- Spéléologie :
- La géologie de la Lherzolite (Péridotite)
- La Lherzolite : découverte par Jean-Claude Delamétherie
- La Lherzolite : caractéristiques pétrologiques
- La Lherzolite : répartition géologique (BRGM), en Ariège, Occitanie
- La Lherzolite : études géologiques et publications scientifiques
- La Lherzolite : d’autres gisements géologiques existent
L’étang de Lers : présentation
À trois quarts d’heure de Saint-Girons, sur la commune du Port, se trouve l’étang de Lers, à une altitude de 1264 mètres. Ce site est prisé pour la pêche, les randonnées, et son domaine de ski nordique, qui attire de nombreux amateurs de glisse.
L’étang de Lherz, situé dans le canton de Massat, est un lieu d’excursion prisé pour la beauté de son environnement.
C’est un point de départ pour de nombreuses randonnées en haute montagne, un domaine de ski de fond en hiver, et une estive traditionnelle pour les troupeaux de vaches, chevaux et moutons depuis des siècles.
Mais l’étang de Lers est également célèbre parmi les géologues pour abriter sur ses rives l’un des rares affleurements de Lherzolite, une roche magmatique rare formée par l’excès de pression dû au gaz carbonique libéré lors de la décomposition du carbonate de calcium sous l’effet de la chaleur.
Cet endroit est un véritable paradis pour les géologues et minéralogistes, amateurs ou professionnels, qui viennent de loin pour admirer la célèbre Lherzolite.
Cette roche, de couleur brun olive, a donné son nom au site. Le secteur abrite également plusieurs gouffres importants et très profonds.
Le gouffre Georges (ou gouffre du Mont Béas), deuxième plus profond d’Ariège avec ses -724 mètres pour une longueur de 3 490 mètres, est un site unique au monde pour observer la structure des roches issues des profondeurs du manteau terrestre.
Des sorties y sont régulièrement organisées par des spéléologues expérimentés.
Topographie
L’étang de Lers présente une particularité intéressante : il ne se déverse pas directement dans un cours d’eau qui descend jusqu’à l’océan.
Cependant, il dispose tout de même d’un exutoire de surface, un point où l’eau de l’étang s’écoule le long d’une pente.
L’eau qui s’échappe de l’étang forme un petit ruisseau en aval, mais ce dernier disparaît rapidement, s’infiltrant dans une dépression située à une centaine de mètres du point de déversement.
L’émissaire de l’étang, une résurgence, réapparaît à 731 mètres d’altitude, soit 533 mètres plus bas et à 4 kilomètres au sud-ouest du lac, alimentant le Garbet au lieu-dit « Les neuf Fonts », quelques centaines de mètres après la sortie d’Aulus-les-Bains en direction d’Ercé.
Ce phénomène diffère légèrement de celui observé à l’étang Sourd, situé dans le massif du Montcalm, où l’eau ne s’écoule pas par un exutoire de surface.
Dans ce cas, l’eau s’échappe habituellement par un exutoire situé au fond de l’étang, semblable au fonctionnement d’une baignoire.
Coordonnés GPS et emplacement géographique
L’étang de Lers est situé aux coordonnés GPS suivants :
- 42.8076, 1.3778
- 42° 48′ 27″ N, 1° 22′ 40″ E1
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Source : IGN
Voies d’accès :
L’étang et les sites sportifs sont accessibles par la RD18, laquelle est en partie utilisée en hiver pour les pistes de ski de fond.
- En été, le site est accessible depuis Massat, Aulus-les-Bains et Vicdessos.
- En hiver, le col d’Agnes et le Port de Lers sont fermés à la circulation. L’accès se fait uniquement depuis Massat – Le Port.
Sports d’hiver :
Réparti entre 1 274 à 1 570 m d’altitude, l’espace nordique de l’étang de Lers compte 25 km de pistes damées et balisées (au nombre de 4, une verte, une bleue, une rouge et une noire), 23 km d’itinéraires raquettes (3 pistes), ainsi que des espaces luge et piéton et son lac bien souvent gelé.
La station assure la location de matériel sur place et propose un restaurant d’altitude.
Spéléologie :
Pour nos amis spéléologues, il y a plusieurs gouffres qui valent la peine d’être explorés et qui sont particulièrement profonds ; ils e trouvent sur le secteur de l’Étang de Lers.
Site unique au monde pour observer la structure des roches venues des profondeurs du manteau terrestre, le gouffre Georges (ou gouffre du Mont Béas) est le second gouffre d’Ariège par sa profondeur (−724 m)N 1 pour une longueur de 3 490 m, sans oublier le réseau de la Pique (−621 m) et les gouffres de la vallée morte (−434 m).
Des sorties y sont organisées par des spéléologues avertis.
La géologie de la Lherzolite (Péridotite)
La lherzolite est une roche plutonique appartenant au groupe des péridotites, constituant une grande partie du manteau supérieur de la Terre.
La Lherzolite : découverte par Jean-Claude Delamétherie
Découverte et nommée en 1797 par J.-C. Delamétherie, son nom provient de l’étang de Lers (orthographié Lherz à l’époque) où elle affleure largement.
Jean-Claude Delamétherie (ou de La Métherie ou de Lamétherie) est un naturaliste, un minéralogiste, un géologue et un paléontologue français, né le 4 septembre 1743 à La Clayette (Saône-et-Loire) et mort le 1er juillet 1817 à Paris.
La famille de La Métherie a un rôle important dans la région clayettoise : au xvııe siècle Philibert de la Méthaireie est maître chirurgien à Paray-le-Monial.
Le grand-père de Jean-Claude, Pierre, est docteur en médecine. son père, François, est également docteur en médecine.
Il a 8 enfants dont Antoine de La Métherie, député du Tiers-État à l’Assemblée constituante puis au Corps législatif, Jean-Baptiste, avocat au parlement, maire de la Clayette, et Jean-Claude.
Il commence à pratiquer la médecine en 1780. Il étudie la physiologie végétale et l’air.
Favorable à la Révolution, il avait attaqué Condorcet et s’oppose aux Jacobins.
La Terreur l’oblige à quitter Paris et il ne peut reprendre la publication du Journal de physique qu’en 1797.
La mort de Louis Jean-Marie Daubenton lui donne l’espoir de le remplacer au Collège de France (1812), mais Georges Cuvier lui est préféré.
Cuvier ne pouvant assurer toute sa charge, il lui cède l’enseignement de la géologie et de la minéralogie afin de l’honorer, ainsi que le tiers, puis les deux tiers, des revenus qui y sont rattachés.
Delamétherie est l’un des premiers pédagogues de la géologie à faire des leçons sur le terrain.
La Lherzolite : caractéristiques pétrologiques
La lherzolite est une roche ignée de la famille des péridotites.
La lherzolite est l’une des roches les plus reconnues parmi les géologues, étant le principal constituant du manteau supérieur.
La péridotite est la principale roche du manteau supérieur. Ultramafiques (ou ultrabasiques), de structure grenue, les péridotites sont principalement constituées d’olivine associée à d’autres silicates ferro-magnésiens, essentiellement des pyroxènes.
Elles doivent leur nom aux péridots, les cristaux d’olivine qui les constituent majoritairement et leur confèrent souvent une teinte verte ou jaune-verdâtre.
Selon les sources, les péridotites sont classées en tant que roche métamorphique ou bien en tant que roche magmatique.
Les péridotites sont principalement constituées d’olivine et de pyroxènes. Dans de moindres proportions et en fonction des conditions de température, de pression et d’hydratation, elles peuvent également contenir des grenats, des spinelles (chromite), des plagioclases, des amphiboles, des phlogopites.
Cette roche à texture grenue est composée de 40 à 90 % d’olivine, accompagnée d’orthopyroxène et, en moindre proportion, de clinopyroxène calcique riche en chrome. Elle contient également de l’aluminium, avec la phase alumineuse représentée par le spinelle, le grenat, ou les plagioclases.
Ces derniers se forment à des profondeurs peu importantes (jusqu’à 30 km), où ils sont ensuite remplacés par le spinelle.
Au-delà de 90 km de profondeur, le grenat de type pyrope devient la phase stable.
Ainsi, le manteau terrestre supérieur, s’étendant jusqu’à environ 300 km de profondeur, est principalement composé de lherzolite à pyrope.
Par ailleurs le manteau inférieur de la Lune serait constitué de lherzolite
Cette roche est composée d’olivine, d’ortho- et de clinopyroxène, ainsi que de spinelle. Initialement, la lherzolite a été interprétée comme une roche magmatique intrusive dans les calcaires jurassiques, similaire à un petit pluton.
Cependant, lorsqu’il a été compris que ces lherzolites des Pyrénées ne provenaient pas de la cristallisation d’un magma, mais étaient en réalité des fragments du manteau terrestre, la question de leur emplacement au sein de calcaires métamorphisés du Jurassique s’est immédiatement posée.
La lherzolite donne par fusion partielle un magma basaltique primaire et une péridotite pauvre résiduelle nommée harzburgite.
Le nom est dérivé du massif de Lherz, en France dans les Pyrénées ariégeoises, qui est la localité type.
L’affleurement principal de lherzolite est visible juste au-dessus de l’étang de Lers; Lherz étant une graphie ancienne de cet endroit.
L’unité de lherzolite est adossée à un massif calcaire karstifié, comportant notamment le gouffre Georges qui permet d’accéder à des affleurements souterrains de lherzolite.
Ces sites sont ainsi régulièrement fréquentés par des chercheurs en géologie.
Mais c’est là que l’on distingue le mieux les trois minéraux principaux qui la composent :
- les pyroxènes vert émeraude
- le spinelle noir
- l’olivine qui donne la couleur verte.
Sur cassure fraîche, la roche est verdâtre.
Des affleurements de lherzolite se rencontrent partout dans le monde, principalement dans les complexes ophiolitiques, dans les massifs de péridotites des orogénèses alpines, dans les zones de fractures jouxtant les dorsales médio-océaniques, ou encore en tant que xénolithe dans les cheminées de kimberlite.
C’est une roche grenue qui a cristallisé en profondeur dans le manteau supérieur, situé sous la croûte terrestre. D’habitude, une roche de cette profondeur n’est normalement jamais visible directement.
Cependant, les puissants mouvements tectoniques responsables de la formation des Pyrénées ont permis à des fragments de cette roche de remonter à travers la croûte terrestre.
La Lherzolite : répartition géologique (BRGM), en Ariège, Occitanie
La Lherzolite : études géologiques et publications scientifiques
Je vous propose de lire ce splendide document intitulé Les massifs de Lherzolite des Pyrénées : 40 « monuments historiques » du patrimoine géologique mondial à mettre en valeur et à protéger, rédigé par Elie-Jean DEBROS, bulletin d’information LES AMIS DE MONCAUT, publié en août 2011, et disponible ici :
Ce document est très bien illustré et très exhaustif, il explique bien certaines notions en géologie sur la Lherzolite.
Source – © 2011 Elie-Jean DEBROS – Page web source : https://www.agso.net/sites/agso.net/IMG/pdf/debroas_2011.pdf
Je vous invite à lire l’excellent article intitulé Les conglomérats calcaro-péridotitiques de Lers (Ariège), une clé pour comprendre la mise en place des lherzolites pyrénéennes, écrit par Pierre Thomas (Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS de Lyon), disponible sur le site internet Planet-Terre :
Cet article de qualité est très complet et très bien illustré, il explique très bien les principes géologiques
Source – © 2009 Pierre Thomas – Page web source : https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/Img786-2023-06-19.xml
Il y a aussi cet excellent article intitulé, rédigé par Christian NICOLLET, intitulé La Lherzolite de l’Etang de Lers en Ariège, dans lequel l’auteur explique et présente le site géologique avec de nombreuses photographies, ainsi que ses recherches en géologie, dont le lien est visible ici :
Source – © 2024 Christian NICOLLET – Page web source : http://christian.nicollet.free.fr/page/manteau/Lherz/lherzolite.html
La Lherzolite : d’autres gisements géologiques existent
Ci-dessous, quelques exemples de contextes géologiques à Lherzolite à d’autres endroits que l’étang de Lers :
- Lherzolite du col d’Urdach (Aramits) I nventaIre du patrImoIne géologIque de nouvelle -aquItaIne Formation du Massif Pyrénéen – David Goutx et Bertrand Chevalier (Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement Nouvelle-Aquitaine) : https://www.nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/aqi0136-4.pdf
- Le Cirque de Barrosa, Le Mont Chauve : la massif de Lherzolite de Moncaup, excellent article très bien expliqué et très bien illustré : http://cirquedebarrosa.free.fr/montchauve.htm