Journal de prospectionPlacier eluvionnaire

Ariège: des paillettes d’or dans du grès oxydé et altéré datant du Quaternaire

C’est en découvrant la vidéo d’Athos Hellgoth sur son test de concassage du grès de sa Bretagne (voir la vidéo ici), test positif à l’or d’ailleurs, que j’ai voulu moi aussi faire le test avec du grès du Pays du Couserans.

Voulant vérifier par moi même, cette hypothèse, je voulais savoir si il y avait aussi de l’or aussi dans du grès oxydé local.

Après avoir découvert un affleurement rocheux de grès dans un endroit datant du Quaternaire, selon le BRGM, j’ai décidé de le broyer, de le tamiser et de laver la poudre résiduelle au pan américain.

La découverte d’or là aussi dans du grès oxydé confirment ses résultats: il y a bien de l’or dans du grès, à la fois en Bretagne et à la aussi en Ariège, ce qui tend à penser que ce phénomène est généralisé.

Chercher de l’or dans du grès augmente les probabilités d’en trouver ; d’ailleurs cela se confirme si on se réfère à d’autres témoignages et à des documents textuels plus anciens.

Auteur: Vivien Laïlle – Mail: vivien.laille@gmail.comPhone: +33(0)695343545

Date de publication: 15 aout 2019

Mots clefs: orpaillage, grès, grès oxydé, grès altéré, quaternaire, bassin sédimentaire, affleurement rocheux, Ariège, Couserans, prospection aurifère, roche sédimentaire, placier éluvionnaire, or éluvionnaire, paillettes, or

SOMMAIRE:

Photo d’un spécimen

Un magnifique cristal d’or rose, un alliage d’or, de cuivre et d’argent.

Résumé

Est ce qu’il y a de l’or dans le grès oxydé et altéré? Car d’où peut provenir l’or des placiers des rivières de l’Ariège et du Couserans?

Dans la nature, il existe des sites de concentration aurifère, des réservoirs d’or disséminés, c’est le cas des schistes ardoisiers bleus/noir aurifères riches en pyrites, et aussi du grès très oxydé et minéralisé, comme je vais le montrer dans cette expérience.

Le but est ici de prouver la présence d’or dans du grès, et surtout de déterminer la forme et les couleurs des paillettes trouvées, qui nous procureront sans doute d’autres interprétations?

Introduction

Rien de mieux que de réaliser une bonne expérience, à l’ancienne, pour vérifier une hypothèse ; je suis donc parti en montagne chercher un emplacement, que j’avais repéré, un lieu riche en grès très oxydé, coloré, minéralisé, visible sous la forme d’un affleurement rocheux vertical en bordure d’une petite route.

Qu’est ce que le grès?

Grès = (définition wikipédia) Le grès est une roche sédimentaire détritique, issue de l’agrégation et de la cimentation de grains de taille majoritairement sableuse et consolidé. Les grains constituant le grès sont issus de l’érosion de roches préexistantes plus anciennes qui déterminent en grande partie sa composition, principalement constitué de quartz et feldspath. Selon le degré de cimentation et sa composition, il peut s’agir d’une roche très friable ou peu parfois être très solide et dense. Son équivalent non consolidé est généralement appelé sable. Le grès c’est du sable cimenté et il peut être très minéralisé et métallifère.

Exemple de grès du Couserans, en Ariège, en France, photo prise avant le broyage en poudre fine. Celle-ci sera alors tamisée et isolée dans un pan pour un lavage futur.

J’ai ainsi récupéré le contenu d’un bon sac de toile de supermarché de ce grès, dans lequel j’ai choisi et trié les morceaux les plus oxydés, colorés, teintés, oxydés ; je les ai ensuite concassé avec une masse, pour en tamiser les restes broyés et en récupérer la poudre.

J’ai ensuite lavé cette poudre de grès au pan, pour en récupérer le concentré de sables noirs ; les résultats sont positifs il y a bien de l’or dans le grès du Couserans.

Zone de prélèvement

Du grès ocre et rouge en affleurement rocheux direct.

Prélèvement au marteau de géologue, de fragments de grès très minéralisé et très oxydé, altéré.

J’ai choisi pour cette étude un endroit, étant identifié de terrain du Quaternaire (source BRGM) de type anciennes terrasses indifférenciées, alluvions remaniées parfois très altérées, et alluvions de basses terrasses et basses plaines, galets graviers et sables.

Ci-dessous: le long de la route le mur d’affleurement présente son grès, qui a servi comme base à notre échantillon.

L’une des raisons qui m’ont mené à tester cet endroit a été entre autre la présence de couleurs très vives et contrastées.

Ce grès prélevé a différentes teintes de couleurs très variables, présentant parfois des couches successives accumulées: rouge, orange, jaune, crème, ocre, noir, brun, gris, violet.

Ces indices colorés sont un très bon signe, pour un orpailleur, cela veut dire que des substances chimiques opèrent, il y a des mécanismes d’oxydo-réduction.

Ci-dessous: des photos du grès oxydé et altéré utilisé pendant l’expérience.

Empiriquement, comme le faisaient les anciens, il est possible en observant ces nuances couleurs de deviner à peu près les composants présents dans les échantillons ; dans tous les cas, c’est un indice prometteur de très forte minéralisation (je m’intéresse ici aux éléments vecteurs de l’or):

  • Rouge, ocre, orange: fer (Fe), Cuivre (Cu),
  • Jaune: Fer (Fe)
  • Violet: manganèse (Mn),
  • Vert ou bleu: cuivre (Cu) ou Fer (Fe),
  • Noir: Fer (Fe) ou Manganèse (Mn),
  • Marron: Fer (Fe) ou Manganèse (Mn).

Une très forte minéralisation, c’est très bon signe, car l’or est très intimement lié aux éléments suivants dans la nature: le fer (Fe), le cuivre (Cu), le Manganèse (Mn).

Ci-dessous: une synthèse des couleurs de différents oxydes présents dans la nature ; ce tableau est aussi utilisé pour réaliser des couleurs avec des pigments pour la peinture.

Tableau des indices des couleurs des oxydes métalliques, utilisés pour les pigments en peinture.

Ci-dessous: pour être complet, voici une liste des différents sels minéralisés et les indices colorés correspondants, car il n’y a pas que les oxydes, il y a aussi des carbonates, des sulphides, et des sulfates (tous des indices importants).

Tableau des couleurs correspondants aux différents sels ou composants métallifère dans la nature.

Il faut donc bien observer les couleurs des roches, des affleurements, se sont des marqueurs pouvant mener à la présence d’or dans certains cas, dans certains types de roches.

Dans la même idée, l’observation des couleurs des argiles et des glaises est essentielle en prospection aurifère, associée avec la présence ou nom d’autres roches (quartz, amphibole, micaschiste, granit,…), c’est encore un indicateur complémentaire pour l’orpailleur.

Matériel utilisé

  • Masse,
  • Sceau en caoutchouc propre et lavé,
  • Pan Garret classique vert propre et lavé,
  • Pan mini,
  • Tamis « chinois » de cuisine de maillage 0.3 mm,
  • Grande bassine d’eau propre,
  • Jet dry (pour modifier la tension de surface de l’eau et réduire les risques d’or flottant),
  • Pipette,
  • Flacon propre type « analyse d’urine »,
  • Appareil photo smartphone,
  • Adaptateur microphotographie pour microscope,
  • Microscope binoculaire.

Méthodologie de travail

  1. Regroupement de morceaux de grès en provenance d’un affleurement rocheux en terrain Quaternaire (source BRGM), situé à 400 m de la rivière.
  2. Broyage et concassage avec une masse, dans un récipient en caoutchouc,
  3. Tamisage fin des morceaux broyés, avec un tamis de maillage 0.3 mm,
  4. Cette opération est renouvelée  jusqu’à obtenir la quantité d’échantillon désirée,
  5. La poussière et les résidus du broyage sont ensuite placés dans un pan propre et lavés,
  6. Lavage au pan de la poudre à l’eau, dans une bassine (utilisation de jet dry en spray),
  7. Récupération du concentré de sable noir à la pipette, dans le flacon,
  8. Le concentré est ensuite placé dans un mini pan propre et lavé,
  9. Observation au microscope binoculaire,
  10. Isolation du spécimen, par tapottages successifs, dans le mini pan,
  11. Prise de vue photographique du spécimen recto et verso,
  12. Après tapottage, isolation du spécimen de la paillette dans une fiole avec une pipette.
Petit à petit le pan se repli de poudre de grès concassé, ce travail demande du temps et c’est physique (cela fait faire du sport!). Bien sur oui je pourrait faire cela avec du matériel de broyage plus adapté et électrique, mais bon, c’est juste une expérience…

Résultats

Au final, un examen attentif des sables noirs au microscope binoculaire, va révéler la présence de 3 paillettes dans le mini pan: 1 rose, 1 blanche/grise et 1 jaune, soit 2 petits grains et 1 paillette cristallisée.

Vue au microscope binoculaire de 3 paillettes d’or de différentes couleurs, une belle illustration des variétés des formes de l’or dans la nature.

Voici quelques interprétations possibles (et il y en a surement d’autres à faire) de cette image macro-photographique:

  • Paillette d’or rose: alliage d’or, d’argent et de cuivre, indice de présence de Ag, Cu et Pb dans la localité.
  • Paillette d’or grise/blanche: alliage d’or, d’argent, indice de présence de Ag et de Pb dans la localité.
  • Paillette d’or jaune: or assez pur, avec un bon titre.
  • L’or en grains fins: en provenance de filons primaire en général (conglomérats, roche mère…), l’or ayant peu ou pas séjourné dans la rivière (peu roulé) ; j’ai trouvé de l’or de même forme plus en amont dans les montages, proches des sources,
  • L’or cristallisé, dendritique: or généré (spontanément?) par la précipitation de l’or à cause de divers facteurs chimiques, catalyseurs, variations de Ph et d’EC de l’eau de la rivière, ou réactions d’oxydo/réduction.
  • Or gris et rose: indices de présences de mécanismes complexes chimiques de types THIO/HALLIDES/HYDROXYDES/SULPHIDES/CHLORIDES?
  • Indices de ressources minières de proximité: galène de plomb argentifère, chalcopyrite, pyrites de cuivre (il y a en effet plusieurs mines de fer, cuivre et plomb dans un rayon de 5 km, ce résultat est confirmé).
Une très belle paillette d’or cristallisée de couleur rose, un beau spécimen minéralogique, dont la présence révèle des phénomènes chimiques avec de l’argent, le cuivre, et l’or.

Il est toujours agréable de découvrir de l’or de nature et de couleur différente, d’habitude, je trouve des paillettes d’or de couleur jaune et grises, mais jamais rose, c’est la première fois que j’en trouve une en prospection aurifère.

2 autres petits grains d’or fin: de l’or jaune et de l’or gris.

Le résultat de cet échantillon illustre parfaitement les alliages naturels et les interactions possibles entre l’or et d’autres éléments métaux de la nature: ici l’argent, et le cuivre.

Ces interactions chimiques sont complexes mais connues (THIO, SULPHIDES, HALLIDES, SULFATES, HYDROXYDES, CHLORIDES,…), elles résultent de la dégradation par oxydo/réduction de roches métallifères anciennes et aurifères (blende, galène argentifère, hydroxydes de fer, pyrites, chalcopyrites,…) et elles sont visibles dans les échantillons observés ; car elles proviennent bien de quelque part (surtout la paillette rose).

Si on prend en considération la quantité d’échantillon récolté et lavé (assez faible 300 g), la présence de 3 paillettes aurifères indiquerait que le grès très oxydé et minéralisé est même plutôt très aurifère, et qu’il y a une très bonne probabilité d’y trouver de l’or (du moins dans le Couserans) ; le grès est un gîte d’or secondaire éluvial.

L’or fin de l’Ariège est très riche en variantes, en formes, en types, on pourrait même dire que l’écosystème aurifère est vaste, c’est le reflets de réactions chimiques, mécaniques dans les sols dans la région ; mais c’est aussi un indicateur que la zone est très métallifère et très riche en ressources minérales utiles (cela est confirmé par la présence de mines gallo-romaines très anciennes, parfois même oubliées).

Aussi, peut-être que pour qu’une zone soit aurifère et bonne, il faut qu’il y ai de la végétation , un milieu humique et sauvage, beaucoup d’eau, avec beaucoup de composants organiques chimiques en décomposition qui interagissent avec l’or?

J’irai même encore plus loin, car je me pose finalement la question: les milieux humides et humiques, les rivières des montagnes ariégeoises sont elles en ce moment (ou depuis la création des Pyrénées) des pouponnières à or?

Discussions

  • Si on se réfère aux lectures, aux articles de presse, de journaux, ou sur le web, la question de la présence d’or ou non dans le grès est très ancienne et reconnue,
  • La plupart des lectures que j’ai pu en faire montrent bien que le grès tend à être aurifère dans la nature, et qu’il est utile voire recommandé d’y faire de recherches plus attentives et systématiques,
  • De nombreux grès dans le monde sont reconnus aurifères: USA, Australie, France, Bretagne, Ariège,…

Conclusions

Je me suis beaucoup amusé pendant cette expérience de prospection éluvionnaire a été très gratifiante, et je suis agréablement surpris du résultat.

Donc oui, il y a de l’or dans le grès oxydé des montagnes du Couserans, dans les endroits du Quaternaire, et c’est une très bonne nouvelle.

Je pense qu’à l’avenir j’accorderai plus d’attention aux endroits riches en grès oxydés et minéralisés au fil de mes recherches, ce sont des réservoirs secondaires aurifères à ne pas sous estimer.

Je procèderais bientôt à d’autres essais et tests sur d’autres grès de différents endroits ou époques dans ma localité.

Références

Presse

Documents

Vidéos

* Je dois voir par moi même!

NB. Pour des raisons évidentes de préservation des lieux sauvages et des biotopes, je ne divulguerai pas les localisations précises de mes recherches. Car je tiens à conserver en l’état et à l’abris des curieux, des touristes, des fâcheux, de vénaux ou des mercantiles ses endroits magnifiques et magiques.

Si vous orpaillez, bouchez vos trous!

Copyrights Vivien Laïlle, Copyright Goldsnoop.com 2019, droits réservés.

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