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Journal de prospectionPlacier eluvionnaire

Ariège: de l’or disséminé dans les ardoises des toits des maisons et des granges

Auteur: Vivien Laïlle – Vivien.laille@gmail.com – +33(0)695343545

Date de publication: 19 aout 2019

Mots clefs: orpaillage, ardoises, schistes, schistes bleues, or, or cristallisé, prospection aurifère, or éluvionnaire, or alluvionnaire, Pyrénées, Ariège, France, Pyrites de fer, Sulfure de fer, schistes ardoisiers, prospection aurifère

SOMMAIRE:

Photo du specimen

Paillette d'or précipité et cristallisé trouvée dans de l'ardoise de toit de maison ariégeoise.
Micro-photographie prise au microscope binoculaire: une belle paillette d’or se révèle, après broyage d’ardoises, et lavage au pan.

Résumé

Est ce qu’il y a de l’or dans les ardoises? Car d’où peut provenir l’or des placiers des rivières de l’Ariège et du Couserans?

Les ardoises noires ou bleues sont des schistes très présents dans les montagnes ariégeoises des Pyrénées, plus particulièrement dans le Couserans, elles constituent, entre autre, un matériaux de fabrication de base essentiel des toitures des anciennes maisons traditionnelles et des granges de nos montagnes.

L’extraction des ardoises était même une économie locale très importante en Ariège, avec la présence de nombreux gisements d’ardoises anciens et délaissés, mais dont on en retrouve les endroits grâce aux cartes et aux dires des habitants et des locaux.

Les schistes ardoisiers sont des roches issues du métamorphisme des argiles et des glaises qui, sous les effets de compression/pression/température/âge, ont créé des feuilles au clivage facile, caractéristiques des ardoises bleues, très communes. Ce sont des argiles modifiées et transformées via les contraintes géologiques (tectonique et dérive des continents) à cause des cycles métamorphiques, et sont composés intrinsèquement de matériaux alluvionnaires plus anciens érodés et déplacés dans des âges reculés.

L’expérience montre la présence d’or, sous forme de paillettes et cristallisés, dans les ardoises noires ariégeoises, en quantité infimes certes, mais présentes et existantes, dans un milieu riche en pyrites de fer jaunes (Sulfures de Fer).

Les ardoises de type schistes bleues semblent constituer un réservoir secondaire d’or alluvionnaire ou précipité/cristallisé ; de nombreuses rivières et torrents traversant de larges zones d’ardoises, l’or eluvionnaire est libéré et transporté par érosion/oxydation/weathering, par l’eau ou le vent. Il se retrouvent ainsi plus ou moins concentrés dans certains placiers aurifères des affluents locaux.

Dans de nombreuses rivières, les bedrocks d’ardoises noires sont très fréquents et constituent aussi régulièrement un substrat rocheux principal observables dans de nombreux endroits.

L’expérience confirme aussi l’association intime entre la Pyrite (oxydée ou pas) avec l’Or dans la réalité et les faits.

Introduction

Dans cette expérience, je vais démontrer la présence d’or en paillette dans de l’ardoise schisteuse noire du Couserans, en Ariège.

Dans un premier temps, les ardoises seront broyées et tamisées, pour ensuite laver la poudre résiduelle avec un pan traditionnel.

Ensuite, après avoir identifié le spécimen, je l’ai isolé pour le photographier, en tant que preuve.

L’échantillon de sables noirs résiduel est isolé et scruté au microscope binoculaire, et l’or identifié par simple observation.

Les paillettes trouvées sont ensuite isolées individuellement avec une pipette dans une éprouvette.

Matériel utilisé

  • Masse,
  • Sceau en caoutchouc propre et lavé,
  • Pan Garret classique vert propre et lavé,
  • Pan mini,
  • Tamis « chinois » de cuisine de maillage 0.3 mm,
  • Grande bassine d’eau propre,
  • Jet dry (pour modifier la tension de surface de l’eau et réduire les risques d’or flottant),
  • Pipette,
  • Eprouvette,
  • Flacon propre type « analyse d’urine »,
  • Appareil photo smartphone,
  • Adaptateur microphotographie pour microscope,
  • Microscope binoculaire.

Méthodologie de travail

La méthode consiste à broyer 400 grammes d’ardoises en débris, et d’évaluer la présence de paillettes d’or ou pas, lors d’un lavage au pan. La technique du tapotage m’a permis d’isoler et de séparer la pyrite de la paillette d’or.

Données BRGM: présence de nombreuses zones schisteuses et ardoisières dans un rayon de 15 km.

L’échantillon de sables noirs résiduel est isolé et scruté au microscope binoculaire, et l’or identifié par simple observation. J’ai vérifié que le spécimen ne se casse pas ni ne s’effrite (comme le ferait la pyrite).

La paillette est ensuite isolée avec une pipette dans une éprouvette.

Détails de la procédure:

  1. Regroupement d’ardoises en provenance de résidus de toiture, des ardoises provenant d’un ancien gisement de Portet d’Aspet, en Ariège, du VIIIème et IXème sciècle.
  2. Broyage et concassage avec une masse, dans un récipient en caoutchouc,
  3. Tamisage fin des morceaux broyés, avec un tamis de maillage 0.3 mm,
  4. Cette opération est renouvelée  jusqu’à obtenir la quantité d’échantillon désirée,
  5. La poussière et les résidus du broyage sont ensuite placés dans un pan propre et lavés,
  6. Lavage au pan de la poudre à l’eau, dans une bassine (utilisation de jet dry en spray),
  7. Récupération du concentré de sable noir à la pipette, dans le flacon,
  8. Le concentré est ensuite placé dans un mini pan propre et lavé,
  9. Observation au microscope binoculaire,
  10. Isolation du spécimen, par tapottages successifs, dans le mini pan,
  11. Prise de vue photographique du spécimen recto et verso,
  12. Après tapottage, isolation du spécimen de la paillette dans une fiole avec une pipette.

Ci-dessus: différentes photos présentant le broyage et le concassage d’ardoises noires avec une masse, dans un récipient en caoutchouc. La poudre est ensuite lavé au pan.

Résultats

Observation 1: la présence de pyrites de fer jaunes (or des fous).

Un « soleil » de petits grains de pyrites de fer jaunes, très brillants, et très trompeur car peut être pris pour de l’or. L’expérience étant de déceler de l’or dans cet océan de Pyrites d’ardoises, il va falloir utiliser la technique du tapottage, pour séparer par gravité et par densité et identifier l’or.

Ci-dessus: un bel exemple de pyrites de fer, dans un fond de pan. Heureusement, comme la pyrite est plus légère et moins dense que l’or, je vais pouvoir le dissocier par tapotages successifs. La pyrite est terne, les éclats variables, les couleurs variables, et souvent ils forment des cristaux cubiques. Aussi la pyrite se casse il n’est pas malléable contrairement à l’or.

Observation 2: la présence avérée d’une belle paillette d’or, précipitée et cristallisée.

Un tapottage minutieux et délicat est nécessaire pour séparer les grains de Pyrites de fer, celui-ci a révélé la présence d’une paillette d’or précipité et cristalisé, avec de belles concrétions, un nucleus, et des couches d’oxydes de fer.

La paillette d’or mesure 2.5 mm de longueur environ, c’est un magnifique spécimen minéralogique, une belle trouvaille!

C’est un bel or fin, jaune et gris, et blanc, avec de l’electrum (alliage naturel d’or et d’argent).

Voici 2 vues recto de la paillette: on voit bien que c’est de l’or qui s’est concentré et accumulé par couches successives sur place, il y a une belle tête de natif (nucléus) et il est bien cristallisé.

Discussions

  • La présence de pyrites associées à l’ardoise n’est pas une surprise est cela est très courant. Elle est d’ailleurs la source de confusions possibles avec l’or, pour les orpailleurs inexpérimentés, il faut donc faire attention et être vigilant. De nombreux géologues et minéralogistes possèdent dans leurs collections des ardoises pyriteuses, certains contiennent même des fossiles.
  • Cette expérience est un excellent cas d’école pour l’orpaillage car elle permet d’apprendre à séparer la pyrite de l’or par la technique du tapotage. Aussi, parce que la pyrite est source d’erreurs et il faut savoir la reconnaitre et l’identifier.
  • Même si de l’or est présent dans les ardoises, cela reste à l’état de traces et ne correspond à aucun intérêt économique. Inutile donc de chercher à broyer toutes les ardoises des maisons des alentours pour en tirer un bénéfice économique.
  • Ce qui est important à retenir, c’est que les ardoises sont une source d’or éluvionnaire, transporté et accumulé jadis. Etant érodés ou traversé par les cours d’eau, l’or contenu dans ses ardoises est ainsi libéré dans la nature et concentré dans certains placiers. De nombreux endroits sont dotés de bedrock d’ardoises dans le Couserans.
  • Il faut aussi retenir l’association intime de l’or avec la pyrite et avec le fer. Si il y a de la pyrite de fer oxydé et altéré, il y a une forte probabilité qu’il y ai de l’or. En tout cas cette expérience le prouve: dans cet océan de paillettes de pyrites, il y a du bel or. Aussi, de nombreux articles et publication dans le monde entier évoquent ou confirment cette observation.
  • Je souhaite procéder à d’autres tests dans un futur proche, car je veux avoir assez de spécimens de paillettes issues d’ardoises pour en apprendre plus sur leurs formes, leurs natures et leurs origines. Dans cet exemple, la paillette est cristallisée et précipitée, par des processus chimiques complexes, elle a donc une forme très caractéristique avec un nucléus, des ramifications et des concrétions. Je veux savoir si les ardoises recèlent aussi des grains d’or ou des paillettes roulées, aplaties ou broyées. Si l’ardoise ne contient que des paillettes cristallisés et précipitées, cela signifie que c’est de l’or récent transporté par dissolution/précipitation, un or récent, du « bébé or spontané ». Si il y a d’autres formes d’or, cela signifie que l’ardoise a accumulé des paillettes très anciennes, en provenance d’autres gisements anciens et plus ou moins éloignés.

Références

Ci-dessous: au Québec, d’autres photos d’ardoises aurifères et contenant de l’or, et aussi riche en pyrite et en sulfures de fer. Photos publiées avec l’aimable autorisation de Jérôme Gemme, chercheur d’or au Québec. Merci pour ce partage utile.

Livres

  • Je vous recommande la lecture du livre sur l’orpaillage de P. Proust, datant de 1920, intitulé Prospection, gisements, extraction de l’or, des éditions Gauthier-Villars et Cie. Livre disponible ici.
  • Le livre français édité par le BRGM et écrit par Christian Guiollard, et intitulé le Guide pratique du chercheur d’or en France, cet ouvrage est une référence. Il y a un large chapitre de cours sur l’or alluvionnaire. Je vous recommande tous les livres de cet auteur qui est aussi historien des mines d’or française. Livre disponible à l’achat sur le site de la Fnac.

Vidéos

  • Vidéo de 911 Mining & Prospecting, un prospecteur américain, une référence en la matière, sur une définition des roches de schistes et des exemples concrets (vidéo en anglais). Des vidéos très instructives sont à découvrir sur leur chaine vidéo.

  • Video de TheGeoScholar, une autre définition des rochers schisteux (vidéo en anglais).

  • Vidéo du prospecteur américain Propanner, sur le broyage d’ardoises aurifères, dans l’Arizona, aux USA (vidéo en anglais). Sa chaine youtube est ici.

* Qui cherche trouve!

NB. Pour des raisons évidentes de préservation des lieux sauvages et des biotopes, je ne divulguerai pas les localisations précises de mes recherches. Car je tiens à conserver en l’état et à l’abris des curieux, des touristes, des fâcheux, de vénaux ou des mercantiles ses endroits magnifiques et magiques.

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