Prospection aurifère au pan d’une ancienne terrasse à galets dans un virage
Le 29 juillet 2019, Couserans, Ariège, France.
La prospection aurifère, c’est avant tout de l’aventure, en contact avec la nature ; et rien ne vaut un moment privilégié intime avec la rivière, au calme, loin du tumulte et loin du vacarme urbain et humain.
La saison estivale approche de la fin, et il fait beau et chaud, mais pas trop, contrairement aux plaines toulousaines, où c’est la canicule et où l’air est étouffant! Pour moi c’est invivable là bas l’été.
Je préfère largement la sensation de liberté que procure l’atmosphère des montagnes du Couserans, la fraicheur de l’air des forêts, la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles des arbres, et le bruit de l’eau s’écoulant dans les rivières.
J’ai décidé de sortir prospecter, en milieu d’après-midi, après avoir accompli mes obligations entrepreneuriales, afin de profiter pleinement en solo, et de savourer ces moments de recueillements privilégiés avec les éléments naturels.
Aussi, le monde qui nous entoure est tellement laborieux, tellement dystopique, tellement faux, tellement mensonger, tellement schizophrénique, tellement répressif, tellement arbitraire… que la recherche fondamentale de la prospection me permet d’en oublier ses influences nuisibles et toxiques, afin de m’évader pour revenir aux choses essentielles simples et absolues, comme une forme de méditation.
Auteur: Vivien Laïlle – Mail: vivien.laille@gmail.com – Phone: +33 (0)6 95 34 35 45
SOMMAIRE:
Introduction
Aujourd’hui, en cette fin de mois de juillet, je décide de partir avec un équipement minimaliste, pour ne pas m’encombrer et aussi pour procéder à plusieurs échantillonnages, mais localisées sur une petite portion de terrain.
Désireux d’approfondir un endroit que je connaissais déjà, c’est avec enthousiasme et plein de bonnes volontés que m’engage à faire ma petite session de prospection aurifère.
Je souhaite juste passer un bon moment de recueillement avec la rivière et la nature, sans prétention ; le but est avant tout le plaisir de la recherche, qu’il y ai des paillettes ou pas, cela n’a aucune importance.
Le but est est d’approfondir mes connaissances dans la lecture de la rivière, cela me servira pour plus tard, dans les mois et les années à venir.
Aussi, c’est un endroit que j’apprécie tout particulièrement, qui a une grande signification pour moi personnellement, et que je tiens à tous prix à préserver.
Site de prospection
J’ai réalisé mes recherches, par le prélèvement de quelques échantillons de substrats alluvionnaires, au sein d’un terrasse à graviers et galets roulés, dans un virage de rivière.
Le milieux est très humique, riche en mousses, racines végétales, gros galets et aussi des galets et graviers roulés.
Les graviers roulés sont de dimensions centimétriques ou décimétriques, présentant un ensemble assez uniforme.
Il y a aussi de la glaise, de l’argile et des alluvions, c’est un endroit riche en sables noirs, très sulfurés.
Je me suis rendu compte de la présence de sulfures dans les sables noirs, par une observation attentive au microscope, qui révèle la présence de pyrite grise, chalcopyrite, pyrite, blende et galène.
Aussi, je me suis rendu compte, via une expérience hasardeuse: voulant sécher des sables noirs au four à micro-ondes (le truc à ne surtout pas faire car cela pourri le micro-onde), il s’en dégageait une odeur de souffre très caractéristique des sulfures.
C’est cette découverte qui m’a mis la puce à l’oreille, un indice supplémentaire, concernant l’origine probable de l’or disséminé de façon invisible et éparse dans les gisements de sulfures métalliques.
Donc pour résumer, c’est un lieu riche en souffre et en sulfures, pour des raisons minérales et biologiques.
Pourquoi ici?
Voici quelques arguments en faveur de la prospection aurifère en ce lieu précis:
- Des raisons minières: présence de mines antiques de fer, galène argentifère et de blende, dans la localité, soit plus d’une cinquantaine de mines anciennes dans un rayon de 20 km.
- Des raisons physiques et hydrologiques: en tête de la ligne de la goldine, juste avant une plage de galets roulés et de sables, il y a aussi de nombreux pièges à or comme des racines, de la mousse, des végétaux, des gros rochers et des troncs arbres morts. Le site se situe aussi dans un virage de méandre, et nous les prospecteurs nous aimons cela.
- Des raisons minéralogiques: présence de quartz, hématites, objets en fer rouillé d’activités humaines, de plomb de pêche, amphiboles, ardoises, schistes bleus et noirs,…
- Mes propres recherches aurifères: je sais que la rivière est aurifère, par plusieurs prélèvements, tests et essais, en différents points de la rivière, ainsi que dans des affleurements directs plus ou moins loin du cours d’eau.
Matériel utilise
J’ai utilisé pour cette étude de prospection aurifère:
- Grosse et petite cuillères,
- Marteau de géologue,
- Une raclette de potager,
- Une mini pèle,
- Un pan américain classique vert, lavé et propre,
- Un tamis,
- Une pipette,
- Un flacon propre pour récolter les sables noirs,
- Un mini pan noir d’observation, lavé et propre,
- Un microscope binoculaire pour analyser les sables noirs et les ausculter.
A ce matériel, il faut rajouter une brosse à dent ou une petite brosse pour bien débourber et nettoyer les galets plus gros et collants de glaises.
Méthodologie de travail
Les alluvions aurifères et les sables noirs étant très argileux et chargés en glaises, j’ai procédé à un tamisage et à un débourbage très soigné, en prenant mon temps.
Aussi les gros galets, plus ou moins plats, très collant, ont été lavé individuellement à la brosse à dent, afin de bien récolter les substances.
J’ai donc utilisé un tamis à larges mailles, fabriqué par mes soins, à partir de matériel déjà existant, et qui fonctionne très bien.
Les graviers et les sables ont donc été classés et débourbés, nettoyés, puis concentrés et lavés par plusieurs pans successifs.
J’ai finalement récolté les concentrés des sables noirs, avec une pipette ou un flacon à pipette, pour pouvoir les analyser et les observer plus tard au microscope, et l’étudier tranquillement.
A ce stade, bien souvent, je ne vérifie même pas la présence de paillettes au fin du pan, afin de réaliser un maximum d’échantillonnages de concentrés de sables noirs.
Les concentrés des sables noirs sont très denses, très fins, très lourds dans ces types d’endroits, et surtout riche en hématites, magnétites, pyrite, chalcopyrite, pyrite grise, galène.
On y trouve aussi dans les concentrés des clous rouillés, des petits plomb, des morceaux de fer rouillé très oxydés.
Conseils:
- Il est très important de garder vos concentrés de sables noirs pour plus tard, pour bien les étudier quand on le voudra, surtout pendant l’hiver et les périodes d’interdiction d’orpaillage.
- L’usage d’un microscope est très recommandé: parfois des paillettes très petites de type « or en farine » peuvent être présentes, mais très difficilement observable à l’oeil nu.
- C’est le seul moyen pour être sur si oui ou non il y a de l’or dans les concentrés des sables noirs, si on désire être très précis dans les recherches de prospections aurifères.
- Conserver les concentrés des sables noirs vous permettra aussi de réaliser des tests de rampes de lavages pour affinage pour plus tard, dans une seconde phase.
- Pour ma part, je garde tout, je ne les jette jamais.
Spécimens trouvés
Bien sûr, en tant que prospecteur, qu’il y ai de l’or ou pas n’est pas une fin en sois, le but est de vérifier si oui on non, il y a présence de paillettes ou de grains d’or dans les échantillons, de le quantifier et de le notifier sur une carte de prospection aurifère.
Cependant, il est toujours très agréable et réjouissant d’observer des paillettes d’or fin visibles au fond du pan, comme on peut le voir ci-dessous.
J’ai par ailleurs, procédé à des vérifications, l’hiver dernier des concentrés des sables noirs récoltés, car je n’avais pas eu le temps de le faire depuis en automne en fin de saison 2019.
Conclusions
Ce fut une très belle et agréable sortie de prospection, j’ai passé un excellent moment en contact avec la rivière et la nature.
Aussi, j’ai pu confirmer par divers indices, la présence de nombreux sulfures dans les concentrés des sables noirs, et aussi des signes d’activités bactériennes anaérobies et végétales avec la présence d’odeur de sulfure d’hydrogène très caractéristique.
Pour ma part, ce souffre provient des gîtes métallifères sulfurés à proximité.
Enfin, la présence d’électrum, un alliage d’or et d’argent naturel, dans lequel l’argent en provenance de sulfure de plomb argentifère (galène), est une preuve d’activités chimiques de types complexes Thio-sulfates au sein de la vallée et des affleurements dans la localité.
Cela révèle la mobilité de l’or, en provenance des gîtes sulfurés et d’affleurements riches en sulfures métalliques traversés directement par le cours d’eau, ou par les écoulements des eaux fluviales.
L’or de ces gîtes sulfurés dans lesquels il est invisible et disséminé. C’est dans la rivière, grâce à des conditions chimiques, de pH et d’Ec particuliers, que l’or précipite.
La rivière serait donc en partie, une pépinière à bébé or, une sorte de nurserie chimique.
NB. Pour des raisons évidentes de préservation des lieux sauvages et des biotopes, je ne divulguerai pas les localisations précises de mes recherches. Car je tiens à conserver en l’état et à l’abris des curieux, des touristes, des fâcheux, de vénaux ou des mercantiles ces endroits magnifiques et magiques.
Si vous orpaillez, rebouchez vos trous! Ne laissez aucune trace visible de votre passage!
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