Journal de prospectionPlacier alluvionnaire

De l’or alluvionnaire dans des petites marmites de bedrock ardoisier

Depuis un certain temps, je recherche des marmites accessibles facilement en bord de la rivière, non pas parce que j’ai appris que les marmites contiendraient de l’or, mais surtout parce que je cherche des endroits avec du bedrock et des failles directement visibles dans lequel je pourrais réaliser d’autres recherches futures et prélèvements.

Ardus sont souvent les accès à ses endroits potentiellement prometteurs, car cela demande de la patience, des efforts physiques, et toujours, de l’opiniâtreté, des vertus de prospecteurs!

Aujourd’hui, j’ai décidé de partir en cette fin d’après midi, et d’aller prospecter à la fraiche, le soleil déclinant, avec comme mission précise de chercher de l’or uniquement dans des marmites.

Avec cette question en tête: Les marmites sont t’elles aurifères?

Auteur: Vivien Laïlle – Vivien.laille@gmail.com – +33(0)695343545

Date de publication: 30 aout 2019

Mots clefs: marmite, marmites, orpaillage, or, paillettes, paillettes d’or, or alluvionnaire, placier, Ariège, Couserans, France, prospection aurifère, bedrock, rivière, mousses, sable noir, Pyrénées, Montagnes ariégeoises

SOMMAIRE:

Résumé

Il y a moins d’une dizaine de jours, de grosses pluies avaient remplies les rivières ariégeoises et les avaient transformées en puissantes crues éphémères.

Le niveau des eaux était monté d’au moins 1 à 2 m en certains endroits, j’ai pu donc en profiter pour observer les comportements de la rivière à ce moment là, et localiser au beau milieu du tumulte des vagues et des remous des endroits prometteurs.

Suite à cet événement, j’avais décidé que c’était le moment idéal pour chercher de l’or sur bedrock et dans les marmites, car j’y avait constaté en effet des phénomènes intéressants au pied des terrasses alluvionnaires.

Les marmites sont, dit-on aurifères, la plupart du temps, mais j’ai voulu le constater par moi même et avoir le coeur net, en y faisant quelques essais d’échantillonnages.

A cette fin, je me suis hâté et attelé avec enthousiasme, à repérer 3 petites marmites, après quelques explorations, directement dans un plateau de bedrock d’ardoise (schistes bleus/noir) ; une fois leurs accès assurés, non sans peine et le plus raisonnablement possible, j’ai pu enfin remplir la moitié d’un pan de ce précieux substrat.

Pour cela, j’ai vidé le contenu des marmites à la petite cuillère, pour le verser directement dans le pan, pour ensuite le laver délicatement.

Au fond de mon pan, au milieu du sable noir, très ferreux, très fin et très sombre, de belles paillettes se révèlent, c’est du bel or fin alluvionnaire, des montagnes du Couseran, en Ariège.

Du coup, je m’interroge, si j’en ai trouvé autant dans 3 petites marmites au hasard dans la rivière, statistiquement, ce résultat est plutôt incitateur ; je dois procéder à d’autres essais.

Oui, les marmites de nos rivières contiennent de l’or, ce résultat est confirmé.

Photos des spécimens

Isolé au microscope, les paillettes d’or se détachent parfaitement sur le fond sombre du mini-pan.

La couleur de cet or est jaune, très fin, très pur. Il n’est pas gros, mais il existe et il est présent dans les 3 marmites prélevées.

Ci-dessus: Photographie vue depuis le microscope (à gauche). Comparaison d’échelle avec une pièce de 1 centime d’euro (à droite). C’est un or très fin, mais il existe, on ne peut en nier la présence.

Site de prospection

Je découvre alors plusieurs plateaux successifs d’ardoises, avec un affleurement rocheux d’ardoise solide et large, dégueulant d’une terrasse alluvionnaire du piedmont de la montagne.

Sur ses plateaux, beaucoup de failles, de rifles, et des alluvions de galets et de graviers, posés directement dessus, se présentaient devant moi, un bel endroit pour un orpailleur.

Cet endroit, présente beaucoup de raisons qui tendent à nécessiter de faire quelques recherches, pour un prospecteur curieux.

Des plateaux de bedrock d’ardoises débouchent dans la rivières, avec de nombreux pièges potentiels à or: failles, marmites, riffles, galets, creux, mousses. Ici des alluvions se déposent directement à fleur de la roche mère. Ils sont lavés et triés pendant les crues successives au fil du temps. Les zones ardoisières sont riches en feuilles effritées par l’érosion et l’oxydation, qui jouent le rôle de riffle de sluice naturel, la mousse elle joue le rôle de moquette passif.

Si on prête attention aux roches et aux minéraux présents au sol, je peux y trouver: ardoises, quartz, marbres, conglomérats, pierres oxydées, sous la forme de graviers ou de galets roulés, et de sables.

Zones de prélèvements

J’ai trouvé finalement 3 petites marmites, d’environs 10 à 15 cm de profondeur, et de 4 à 6 doigts de largeur ; les matériaux contenus dans celles-ci ont été utilisés comme prélèvements d’échantillons pour ce test de prospection aurifère, au pan classique américain.

Je les ai vidées avec une petite cuillère, en prenant le temps de bien tout récupérer.

Déjà, je constate qu’il faut une pipette adaptée pour bien récupérer le fond, la cuillère ne suffit pas pour bien vider les fond des marmites, il faut aspirer le contenu du fond.

Ci-dessous: 3 petites marmites ont été récurées et vidées, le contenu a été ensuite lavé délicatement au pan, sans tamisage, avec le substrat tel quel.

Beaucoup de sable noir et fin, très dense et très lourd. Ce constat est identique pour les 3 marmites.

Une marmite pleine telle qu’elle se présente dans la nature, en fait elle est profonde de 15 cm! A droite en bas, une bébé marmite en devenir, si je reviens dans 20 000 ans, sans doute sera t’elle profonde de 2 à 5 cm? Qui sait?
La marmite est vidée, et le sable alluvionnaire du pan est prêt à être lavé avec soin, je prend mon temps, car je veux bien débourber, et ne rien perdre, je m’applique, je malaxe bien les matériaux. Idéalement, il faudrait un moyen d’aspirer le fond avec un petit tuyau, pour ne pas en perdre une miette…

Matériel utilisé

Pour cette prospection, j’ai fait très simple, je me suis peu chargé en matériel:

  • 1 trousse spéciale « assortiment de petits outils » pour bien récurer les failles,
  • 1 cuillère,
  • 1 pan américain lavé et propre,
  • 1 pissette lavé et propre, pour récolter le concentré,
  • 1 récipient d’analyse propre, pour isoler le concentré final, résultat du fond du pan.
  • 1 mini pan lavé et propre,
  • 1 microscope de minéralogie.

Ce qui m’a manqué: je dois me bricoler un mini aspirateur à eau pour fond de marmites, avec un petit tuyau assez long et fin. Cela permettrait de mieux récupérer le fond, et de faire un travail de prélèvement plus soigné et plus précis.

Méthodologie

Données BRGM: Présence en montagne de schistes, quartzites, quartz, poudingues, conglomérats, grès. Dans la rivière et alentours, terrasse alluvionnaire du Quaternaire.

Données de mes propres recherches: La rivière dans laquelle sont réalisées ces études est aurifère, c’est confirmé et avéré, par d’autres tests de prélèvements et de prospections, à d’autres endroits le long de celle-ci et de ses affluants.

Données historiques: dans un rayon de 10 km, de nombreuses mines anciennes et gallo-romaines oubliées et perdues: galène argentifère, cuivre, blende, et fer. C’est un bassin minier et métallifère important très anciennement exploité.

Procédure:

  • Nettoyage et rinçage du pan à l’eau,
  • Je récure les marmites avec une petite cuillère, et je rempli mon pan,
  • Je procède au lavage du pan, en prenant le temps de bien débourber, bien malaxer le contenu de ce dernier, bien classer les matériaux,
  • Par tapotages successifs, j’isole le sable noir et les matériaux lourds,
  • Ensuite je prélève le sable noir avec une pipette propre,
  • J’isole alors les matériaux dans un flacon propre,
  • Ensuite je place ces matériaux dans un mini pan préalablement lavé et rincé, pour observation au microscope.

Pourquoi cet endroit?

Je sais que la rivière est aurifère, car j’y ai fait déjà de la prospection et des recherches par le passé.

Je sais aussi qu’en réalisant des recherche sur bedrock, je maximise mes chances de trouver de l’or.

Résultats

Les résultats sont très émoustillants, l’exploration et le nettoyage des sables contenus dans les 3 petites marmites ont révélé la présence de 8 belles paillettes d’or fin (et je n’ai pas eu le temps de vérifier si il y en avait d’autres).

La taille des paillettes trouvées dans le pan, comparées à une pièce de 1 centime d’euro. C’est un or petit et très fin, très pur, avec un titre et une teneur élevés.
Vue plus rapprochée des différentes paillettes trouvées dans les marmites, photo prise au microscope binoculaire.
Vue détaillée des 3 plus grosses paillettes d’or trouvées dans l’échantillon.
Un beau grain d’or alluvionnaire, entrain de se plier et de rouler, à cause de l’action mécanique des graviers, galets et sables dans les marmites. Ces processus prennent des milliers d’années. Si ça se trouve cette paillette est réfugiée dans cette marmite depuis des millénaires, ou des centaines de milliers d’années, dans ce bedrock à fleur de montagne.

Ci-après: d’autres grains d’or et paillettes trouvées pendant mes explorations des 3 marmites, une belle petite collection de différentes formes.

D’autres grains d’or minuscules découverts ce jour là dans les concentrés de sables noirs.

Conclusions

C’était une belle journée très gratifiante, très instructive car non seulement j’ai pu tester et confirmer une hypothèse, mais aussi parce que j’ai trouvé un nouvel endroit pour faire des essais de prospection aurifère sur bedrock dans un futur proche.

Ces nouvelles informations et données concrètes m’apportent une nouvelle expérience dans le domaine de la recherche aurifère, et j’en suis très heureux.

Ce résultat est significatif, très intéressant statistiquement, et cela m’incite à poursuivre mes recherches dans d’autres marmites.

J’ai pu vérifier le fait qu’il y avait bien de l’or dans les marmites des rivières des Pyrénées ariégeoises, mais encore faut-il pouvoir y accéder, car les meilleures sont très certainement les plus anciennes et les plus inaccessibles, perdues et oubliées…

Pour bien récurer les fond des marmites, il faut des outils adaptés et prendre son temps, une cuillère ne suffit pas, je conseille de prendre des pipettes ou des petits tuyaux pour bien aspirer le fond avec de l’eau.

Références

Vidéos

Web

Livres

  • Le livre français édité par le BRGM, écrit par Christian Guiollard, et intitulé le Guide pratique du chercheur d’or en France, cet ouvrage est le minimum requis. Il y a un large chapitre de cours sur l’or alluvionnaire. Disponible sur le site de la Fnac.
  • Le livre américain intitulé Handbook For Gold Prospectors in Washington., écrit par WAYNE S. MOEN and MARSHALL T. HUNTTING, en 1975. Lien du PDF ici: http://www.dnr.wa.gov/Publications/ger_ic57_handbook_gold_prospectors.pdf
* Qui cherche trouve!

NB. Pour des raisons évidentes de préservation des lieux sauvages et des biotopes, je ne divulguerai pas les localisations précises de mes recherches. Car je tiens à conserver en l’état et à l’abris des curieux, des touristes, des fâcheux, de vénaux ou des mercantiles ces endroits magnifiques et magiques.

Si vous orpaillez, rebouchez vos trous!

Copyrights Vivien Laïlle, Copyright Goldsnoop.com 2019, droits réservés.

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